Listen, I can hear the call as I'm walking through the door ♦ Avery Row et Nyl Jallen ♦ Fermé

Nyl était assis au bord de la fontaine centrale, en train de tapoter à toute vitesse sur son portable de rapides messages envoyés à un destinataire inconnu. Sans doute à une de ses conquêtes féminines -ou masculines, qui sait- pour lui dire que tout est fini, manière subtile de lui faire comprendre qu'elle n'était qu'un coup d'une nuit pour lui, et qu'il n'y aura rien d'envisageable. Elle aurait le cœur brisé sans aucun doute, mais le jeune homme s'en moquait, à vrai dire. Il n'y avait pas de place pour l'amour dans sa vie actuelle -bien qu'avec Vesper, il se passe des choses.

Il continuait d'écrire plus vite que jamais, réflexes bien pratiqués au fil du temps, quand il entendit une jeune fille au téléphone. Tout semblait si silencieux, sinon. Et l'instinct mâle de Nyl reprit le dessus, aussi s'approcha-t-il avec élégance auprès de l'inconnue qui téléphonait apparemment à une connaissance, avant de s'exclamer à voix haute :

- Vous savez Mademoiselle, le quartier n'est pas sûr pour les belles fleurs solitaires...

Il arborait un sourire prédateur tout en s'approchant de la jeune fille. Elle était très belle, plus que ses conquêtes ordinaires. Mais Nyl ne faisait pas la fine bouche sur la marchandise, en fait. Il se moquait de l'apparence des gens, du moment que relation il y avait. Et puis le lendemain, il les sortait de sa vie définitivement par un simple SMS. La méthode Nyl, rapide et efficace.

- Je pourrai peut-être être votre garde du corps ? Je suis entièrement gratuit...

La voix pleine de sous-entendus, il rejoignit l'inconnue dans sa marche.

Un soleil radieux mais timide, un soleil qui éclairait cette nouvelle ville - et un peu cette nouvelle vie, aussi. Avery avait décidé de parcourir un peu le coin, en dehors de l'Institut; elle avait besoin de découvrir cet environnement par elle-même, pour ne pas qu'on lui demande ou elle allait, qu'on l'aide. Car elle n'avait pas envie de parler, de découvrir ces gens, bien qu'elle soit déjà plus motivée à aller à leur encontre du fait de leurs similitudes.
Ses longs cheveux blonds battant contre son dos ; douce cascade cassant le bleu clair de son chemisier, ses jambes d'un pas gracile dissimulées sous un blue jean des plus communs et ses bonnes vieilles baskets. Avery n'aimait pas se prendre la tête avec les fringues, ce n'était pas son truc.
Elle ne s'attendait pas à l'appel de sa petite soeur, aussi répondit-elle d'un ton morne, à coups de "Oui je suis bien arrivée, oui tout va bien, oui je suis bien installée,  non je vais bien", lorsque soudainement on l'interpella.


- Vous savez Mademoiselle, le quartier n'est pas sûr pour les belles fleurs solitaires...

C'était un homme ; un homme plus âgé qu'elle, avec de beaux traits et un sourire qui ne mentait pas sur ses intentions, des intentions bien masculines, se dit-elle. Le regard de son interlocuteur parlait pour lui, et sa voix aux intonations doucereuses n'étaient pas pour le démentir. Elle allait se retourner lorsqu'il dit :

- Je pourrai peut-être être votre garde du corps ? Je suis entièrement gratuit...

Toujours de cet air un peu trop aguicheur au goût de la jeune fille. Elle continua son chemin, persuadée qu'il la laisserait si elle l'ignorait - bien au contraire, il la suivit. Elle soupira et dit :

-Bonjour.

Parce qu'Avery ne savait pas trouver les mots qui parlent et qu'elle n'avait pas réussi à réfléchir à une réplique pas trop agressive qui suffirait à éloigner ce pervers. De toute façon, elle n'était pas le genre à plaire, alors elle pensait bien qu'il se lasserait.
Et puis, même si elle refusait de se l'avouer, se faire aborder par quelqu'un d'aussi charmant, ce n'était pas si déplaisant.

- Bonjour.

Nyl sourit une fois de plus. Sa proie était jeune, peut-être même mineure. Mais elle n'irait pas porter plainte avec lui. Enfin, c'est ce qu'il pensait. Ils continuaient tout deux de marcher, Nyl s'adaptant au rythme de la jeune femme. Elle n'avait pas dit non, elle l'avait sans doute pensé, mais elle n'avait rien dit. Cela lui offrait une chance de réussir à obtenir ce qu'il voulait d'elle -des intentions dont je n'expliquerai ni la source, ni le découlement.

- Puis-je vous offrir un café ? Ou un chocolat chaud, s'entend. Ou bien même, vous offrir tout ce que vous voulez...

Son sourire était devenu plus fin, et sa voix plus affirmée, plus masculine. La présence d'une jolie jeune femme le rengorgeaient de désir, allez savoir pourquoi. En tout cas, il ne comptait pas laisser sa future "amie" partir aussi vite. Il voulait quelque chose, et son esprit d'ancien enfant gâté lui faisait savoir qu'il l'aurait, même si le combat serait acharné.

Sans attendre la réponse de la jeune inconnue, il la prit par la main délicatement afin de l'emmener au café local.

L'odeur n'y avait pas changé, la puanteur y régnait toujours en maître, aussi tenta-t-il par une phrase très simple de convaincre sa proie de rester dehors tandis que lui commanderait et paierait. Une fois cela fait, il rentra à l'intérieur, commandant deux cafés et un chocolat chaud, au cas où elle n'aimerait pas le café. Il savait que même avec ça, ça ne marcherait pas tout de suite, il lui faudrait attendre un peu.

Puis, il ressortit avec à la main gauche les deux cafés et dans l'autre le chocolat chaud. Il les déposa sur la table de plastique grise et retourna à l'intérieur du café chercher une sucrière, avant de s'asseoir.

Il poussa le chocolat chaud et le café vers la jeune fille avant de lui parler avec douceur et gentillesse, presque bienveillant et pur, ce qu'il n'était pourtant pas du tout.

- Tiens. Je t'ai pris le chocolat au cas où tu ne boirais pas de café...

Nyl commença à siroter doucement et sans bruit tout en la dévorant des yeux.

Suspicieuse, Avery commença à douter de ce qu'elle faisait, sans toucher à aucune des tasses. Mais à quoi pensait-elle ? Si jamais il était... Le directeur d'un réseau de prostitution ? Non, vraiment, elle se faisait sûrement des idées. Mais le danger restait là. D'une main, elle attrapa la tasse de chocolat, délaissant l'autre, elle la porta à ses lèvres et but une gorgée brûlante avant d'observer de ses grands yeux celui qui l'avait accostée. Son regard se faisait malgré elle méfiant. Elle n'avait pas l'intention de se laisser faire en cas de conflit, mais jusque là elle se laissait entraîner, sans trop comprendre pourquoi. Elle repensa à la chaleur un peu moite de sa main lorsqu'il l'avait attrapée ; elle songea qu'il avait sûrement l'habitude de ce genre de contacts. La blonde n'aimait pas l'idée d'être une proie, or, elle se doutait bien qu'avec ce type, elle en devenait une. Croisant les jambes, elle chercha quoi dire et d'une voix presque maladroite, un poil trop basse, demanda :

-Et sinon vous êtes qui ?

Des fois qu'il s'agirait d'un pervers psychopathe. Enfin, quelle idiote : il ne donnerait pas vraiment son vrai nom dans ce cas-là. Mais peu importait.
Posant sa tasse devant elle, elle décida de jouer avec une mèche blonde ; l'enroulant autour de son doigt machinalement, sans quitter des yeux le jeune homme. Mis à part qu'il était plus (trop ?) âgé et vraisemblablement désireux de la mettre dans son lit, elle n'arrivait pas à le cerner. Ca l'énervait quelque peu. Mais de toute façon, elle se promit intérieurement qu'il ne la ferait pas pleurer. Il était peut-être de l'Institut, qu'en savait-elle, mais elle ne voulait pas se transformer devant qui que ce soit, métamorphe ou non. Elle se laissa aller à penser qu'avant, une personne comme ça, elle lui aurait foutu un coup de pied bien placé et serait partie en lui hurlant elle ne savait quelle insulte. Mais cette Avery-là était bel et bien finie, enterrée sous une couche de prudence. Nul doute que les gens autour se passeraient bien de voir apparaître un genre de mini-panthère à la place d'une jeune fille. Elle prit une nouvelle gorgée de son chocolat, réalisant que toutes ces pensées, elle les avait eues en moins de quelques secondes.

- Et sinon vous êtes qui ?

Enfin une question utile. Nyl remarqua le regard suspicieux de la belle devant lui. Elle tortillait une mèche de ses cheveux miels tout en détaillant Nyl en prenant soin de regarder chacun des détails de son visage. Elle devait sûrement le trouver trop âgé, mais, ayant vingt ans, Nyl ne devait guère être plus âgé qu'elle, du moins, c'est ce qu'il croyait.

- Nyl Jallen, enchanté. 20 ans. Membre de l'Institut. Et toi ?

Il plongea ses yeux chocolat dans ceux de la jeune femme, prenant soin de noter chaque début d'émotion qu'il pouvait y lire. Il voyait notamment défiler la gêne d'être en face d'un inconnu, la fierté qui se dégage quand un homme vous accoste -du moins un homme comme Nyl-, la curiosité d'en savoir plus sur lui, la peur qu'elle pouvait avoir quand elle ne savait pas qui était l'homme en face d'elle et un début d'impatience, comme si elle était pressée de partir loin du jeune homme. Il la vit boire lentement son chocolat. Elle n'aimait donc pas le café. Nyl le nota dans un coin de sa tête. Il était toujours utile de connaître les tics de ses proies, cela permettait de les amadouer encore plus facilement.

Puis il choisit de mettre fin à certaines interrogations qui devaient traverser la tête de la belle jeune femme.

- Je ne suis ni proxénète, ni mafieux, ni bandit. Je suis quelqu'un de normal qui vient de rencontrer une splendide jeune fille...

- Nyl Jallen, enchanté. 20 ans. Membre de l'Institut. Et toi ?

Elle soupira mentalement. 20 ans ? Institut ? Elle ne pouvait se permettre d'avouer qu'elle était rassurée. Et à peine eut-elle le temps de se sentir soulagée qu'il reprit :

- Je ne suis ni proxénète, ni mafieux, ni bandit. Je suis quelqu'un de normal qui vient de rencontrer une splendide jeune fille...

Quelqu'un de normal en étant de l'Institut ? Elle eut un petit sourire amusé, avant de penser au reste de sa phrase. Toujours ce ton séducteur. Elle se sentait vraiment rassurée, comme une enfant qu'on réconforte - elle chassa rapidement cette pensée de sa tête. Ce n'était pas le moment de s'égarer, elle en avait conscience. Elle reprit une gorgée de son chocolat, et choisit de répondre à ce "Et toi ?" car après tout, il était normal qu'elle se présente aussi, même si elle n'aimait pas vraiment parler avec lui (ce qui, malgré elle, devenait peu à peu erroné)

- Je m'appelle Avery Rowe. 16 ans. Je suis de l'Institut aussi.

Elle se sentait comme si on cassait un mur qui la coupait du monde ; comme si elle était un peu plus proche de son interlocuteur. Nyl Jallen, donc. Nom étrange, m'enfin. Il y avait bien pire. Elle reprit en un murmure, enfin presque ; sa voix se faisant plus basse encore qu'à l'ordinaire, plus douce un peu aussi :

- Quelle est ta... Transformation ?

Savoir qu'elle était face à un autre, une personne comme elle, à qui elle pouvait parler de ça, la mettait toujours un peu plus en confiance. Elle se sentait plus proche de la personne, et se montrait déjà plus sociable. Ce n'était pas encore ça, mais elle savait bien que c'était mieux que rien. Et cette situation lui convenait, alors à quoi bon ? De toute façon, elle ne voulait pas s'attacher. Elle posa ses coudes sur la table, croise les doigts et posa son menton sur l'appui que formaient ses mains liées. Le soleil était toujours aussi doux, caressant le peu de peau de son cou que dévoilait sa crinière blonde. La température idéale, songea-t-elle un millième de seconde.

- Je m'appelle Avery Rowe. 16 ans. Je suis de l'Institut aussi.

Nyl sourit. Une proie de l'Institut, de quoi pouvait-on rêver de plus ? Une proie très jolie, en plus. Mais qui a seize ans. Il faudrait la convaincre si Nyl la voulait dans son lit, et il sentait que ça n'allait pas être facile. Mais elle commençait à se livrer, un point de sûreté, c'était déjà ça. De plus, le fait qu'ils soient tout deux de l'Institut allait beaucoup aider. Puis, Avery -qui est un très joli prénom, d'ailleurs-, lui posa une question, cette question qu'il attendait, à vrai dire. Et où il allait pouvoir répondre avec sa pureté -hum hum- naturelle.

- Quelle est ta... Transformation ?

Il sourit, Nyl savait très bien quoi répondre, avec subtilité et perversité, mais aussi poétisme. Oui, tout ça dans une seule phrase, c'était possible, surtout quand ça venait de Nyl.

- Je suis une colombe, symbole de la pureté et du...blanc...

Il avait presque murmuré le blanc, comme pour se parler à lui-même, ce qui n'était pas le cas. Il espérait qu'il ne choquerait pas la jeune fille, ce serait une triste perte que son départ. Et Nyl ne voulait absolument pas perdre quelqu'un en plus, surtout une aussi belle proie, surtout une aussi belle proie métamorphe. Alors, il coupa court à tout sujet de polémique en lançant à son tour une question.

- Tu veux qu'on joue aux jeux des questions ?

- Je suis une colombe, symbole de la pureté et du...

Ce mec était pourtant tout sauf pur, songea-t-elle avant qu'il ne murmure :

-...blanc..

Elle n'était pas sûre qu'il l'ait vraiment dit et de ce qu'il voulait dire par là - s'interdisant toute pensée trop mal placée. De toute façon, Nyl maîtrisait vraisemblablement l'art de la couper dans les réflexions qu'il provoquait de ses mots, et ainsi reprit-il :

- Tu veux qu'on joue aux jeux des questions ?

Qu'entendait-il par là ? Bah.... Quoi qu'il en soit elle n'avait plus rien à perdre - à part une "pureté" dont elle se moquait bien. Il se lasserait d'elle, elle en était sûre, elle n'était pas une fille intéressante, bien qu'elle ait un visage plutôt doux - elle le concevait - elle n'était pas du genre qui plaît à ces messieurs. Perdant son regard sur le blanc laiteux de sa tasse de chocolat - qu'elle devrait finir de boire un jour - elle se contenta de hocher la tête pour répondre. Quelles questions allait-il bien pouvoir lui poser ? Elle n'avait pas vraiment peur, et prenait conscience que son agacement allait en s'amenuisant.

-Pourquoi pas, répondit-elle alors d'un ton neutre, haussant les épaules.

Elle prit alors conscience que bien que ses traits ne trahissent que rarement ses émotions, ses yeux avaient le don de parler pour elle. Quelque chose qu'elle haïssait était d'être prévisible ou du moins qu'on devine facilement qui elle était, réaliser ça la dérangeait donc quelque peu. Elle prit sur elle pour garder son calme.

- Pourquoi pas.

Ohohoh, la petite et chaste Avery ne résisterait plus bien longtemps. Elle était fragile, et ça avait été trop court, l'instant séduction. Peut-être avait-elle un ultime rempart face à Nyl ? Il l'exploserai d'une parole, d'un geste, aussi simplement qu'un château de cartes se détruit face au vent. Et en parlant de château, Nyl se disait de plus en plus que sa vie ressemblait à un château d'allumettes : il suffisait d'en allumer une pour toutes les allumer ensuite, une par une, provoquant un gigantesque brasier qui serait un renouveau pour le jeune homme. Ce jour-là arriverait bien un jour, mais pour l'instant, il ne se dessinai même pas à l'horizon. Alors, Nyl en profitait.

- Je commence... Me trouve-tu séduisant ?

La question piège. Elle aurai dû s'y attendre venant de la part de Nyl, et le jeune homme espérait que cela la déstabiliserait un peu, lui faisant perdre cette timidité qui dans laquelle elle semblait s'engloutir de plus en plus. Bientôt, elle ne serait qu'une ombre peureuse, si elle continuait comme ça. Il fallait la dévergonder un peu, cette petite. Et Nyl semblait être l'homme idéal pour cela. Il essaierait toute sorte de choses, du moment qu'elle parle plus, s'exprimant avec plus de deux mots. La plus longue phrase qu'elle avait dite avait été celle où elle s'était présenté, et encore, elle avait déjà été très courte. Nyl, curieux et bavard qu'il était, adorait parler avec les autres, et quand ils ne répondaient pas, c'était non pas frustrant, mais pire encore. Cela donnait l'impression de n'être qu'une plante qui décorerait, à laquelle on ne penserait la regarder ou même lui répondre. De plus, Nyl s'était trouvé plus calme aujourd'hui, c'était agaçant de ne pas être récompensé. Et cela le dérangeait un peu. Il fallait que ça bouge.

- Je commence... Me trouve-tu séduisant ?

....Comment osait-il demander ça ? Elle aurait dû s'en douter. Ah, rien à perdre, pensait-elle ? Quelle idiote ! Imbécile ! Abrutie finie, oui ! Elle se mordit la lèvre et réfléchit à vive allure. Dire "oui" serait... Vrai, certes, mais elle en mourrait de honte. Dire non serait un mensonge et pire encore, ça... En fait, rien de tout ça n'était vraiment grave mais elle se refusait à répondre, peu importait quelle réponse. Et pourtant il fallait bien parler ; ces yeux bruns la scrutaient, avides d'une réplique qui voudrait tout dire. Il lui fallait le mot qui touche et qui la sauve. Il lui fallait... Ah. Elle eut une idée. Au bout de quelques secondes, il était temps. D'une voix qu'elle voulut posée et tranquille, elle baisse les yeux et déclara :

-Quand tu ressembleras à Léonardo di Caprio, j'envisagerais peut-être de dire oui.


Elle ne savait si elle avait bien fait mais se félicita intérieurement ; elle avait esquivé une réponse franche. Maintenant, il lui fallait sortir de ce pétrin. Nom de dieu, si seulement elle pouvait avoir une autre idée, pas forcément géniale mais qui la sauverait. Enfin, sauver... Le terme était un peu fort. Mais après tout c'était à elle de poser une question. Alors, elle but le reste de son chocolat d'une traite (il était tiède désormais) et demanda d'un ton presque assuré :

- Et toi... Ca t'arrive souvent d'aborder des gens, dans la rue, comme ça ?

Quelle question débile. Il était vraisemblablement un séducteur, et pervers de surcroît. Bien sûr qu'il le faisait souvent. Enfin... Après tout tant pis. C'était compliqué, ce genre de situations. A la fois agréables - le soleil, le matin, la discussion tranquille - et dérangeante - un pervers, des questions indiscrètes, une discussion qui, bien que tranquille, la mettait mal à l'aise puisqu'elle ne la maîtrisait pas- c'était étrange. D'une main, elle remit une boucle rebelle derrière son oreille avant de la replacer sous son menton.

- Quand tu ressembleras à Léonardo di Caprio, j'envisagerais peut-être de dire oui.

La réponse était dite d'un ton assuré, et la jeune avait réussi à esquiver une réponse franche. Aussi Nyl manqua-t-il de lui lancer un "CHECK BRO" pour la féliciter. C'était tout sauf adapté, donc il se retint, ça aurait fait mauvaise figure. Quoique sa question et son abord avait déjà fait mauvaise figure. Mais il ne le dit quand même pas. La jeune rebut son chocolat d'un seul coup -Nyl aurait dû mettre du piment, ça aurait été drôle- avant de poser à son tour une question, espérant renverser Nyl, ce qu'elle n'arriva pas.

- Et toi... Ça t'arrive souvent d'aborder des gens, dans la rue, comme ça ?

Bam. Question directe, franche, assurée. Bravo Avery, sur ce coup-là. Mais ce que la jeune femme ne savait pas, c'est que Nyl avait réponse à tout, surtout aux questions. Et généralement, il y répondait franchement avec une pointe d'humour. Voir même une pointe de perversité, ça dépendait des fois. Et surtout ça dépendait de la personne d'en face. En l'occurrence, être pervers avec Avery ne le dérangeait pas du tout, bien au contraire, même, ça l'arrangeait, peut-être que ça lui rapporterai des points auprès d'elle.

- Leonardo di Caprio ? Oh, il était encore classe dans Titanic, mais depuis, il a bien changé. Il est beaucoup moins beau.

Nyl répondit d'un sourire assuré. Il savait que critiquer celui qui était sans doute l'idole de la jeune fille l'énerverait un peu. Cela lui permettrai d'étudier ses réactions, et cela serait utile.

- Quand à ta question, oui, mais jamais des demoiselles aussi jolies que toi...

Sa voix était douce et charmeuse, tandis qu'il fit glisser une main le long de la joue de la jeune fille.

- Leonardo di Caprio ? Oh, il était encore classe dans Titanic, mais depuis, il a bien changé. Il est beaucoup moins beau.

Elle haussa les sourcils. Jaloux, le Nyl ? Ahah. Un peu narcissique, vexé d'être jugé moins séduisant qu'une idole de nombre de jeunes filles ? (Avery ne se comptait pas vraiment dedans, n'ayant pas réellement de coup de coeur parmi le peu d'acteurs qu'elle connaissait. Elle avait cité Di Caprio car elle appréciait de le regarder quand elle voyait un film où il jouait, mais ça s'arrêtait là.)
Nyl était donc bien un homme, un homme un peu vaniteux et arrogant, un homme bien...Homme, en fait. Il n'y avait pas meilleur mot.

- Quand à ta question, oui, mais jamais des demoiselles aussi jolies que toi..., reprit-il avec un air bien trop séducteur au goût de la jeune fille.

Sa main vint retracer la courbe de sa joue, ses doigts étaient tièdes et doux mais étrangers ; cette simple pensée la fit frémir. Ce genre de toucher était agréable, elle ne pouvait le nier, mais c'était étrange, inconnu. Elle se mordit la lèvre et il retira sa main. L'adolescente ne savait si ça lui déplaisait ou non. Elle garda un air impassible, le fixant dans les yeux, essayant vainement de comprendre ce qu'il se passait dans la tête du brun.

-Va pas me faire croire que je sors du lot. Je suis le genre de filles qui t'intéresse pour un coup d'un soir, ou d'un matin même, n'est-ce pas ? Tu veux que je cède parce que ça flatterait ton ego. Une mineure, "pure et innocente", c'est ça que je représente à tes yeux. Remarque, je m'en fiche de ce que tu penses, mais inutile de jouer un rôle, tu ne crois pas ? En plus, t'es tout sauf subtil. Si t'avais pas remarqué.

Elle reprit sa respiration sans mal, ne sachant que trop penser de ce qu'elle venait de dire. C'était ce qu'elle pensait, pas vrai ? Mais ça avaitt des allures de reproche alors que ce n'était qu'une affirmation, qu'elle voulait juste exprimer ce qu'elle pensait - sans émotion spécifique, une simple constatation. Toujours les mains croisées sous son visage rond, elle se mit à tapoter le sol du pied.

- Va pas me faire croire que je sors du lot. Je suis le genre de filles qui t'intéresse pour un coup d'un soir, ou d'un matin même, n'est-ce pas ? Tu veux que je cède parce que ça flatterait ton ego. Une mineure, "pure et innocente", c'est ça que je représente à tes yeux. Remarque, je m'en fiche de ce que tu penses, mais inutile de jouer un rôle, tu ne crois pas ? En plus, t'es tout sauf subtil. Si t'avais pas remarqué.

- T'es quand même très intelligente. Oh, d'un matin, dis-tu ? On sent l'expérience...

Nyl avait réellement dit tout ce qu'il pensait en trois phrases, dont une question. Et il avait vraiment trouvé Avery très intelligente, sur ce coup-là, contrairement à beaucoup de personnes de son âge qui aurait pu répondre un "O t tro mignon". Et si Avery avait répondu cela, Nyl l'aurait sans aucun doute laissée là, toute seule, à la terrasse de ce petit bar de quartier, avec sa tasse, comme une idiote. Il n'aimait pas les gens qui ne réfléchissaient pas un minimum. Lui-même considérait être une énigme, comme toutes les personnes qui passaient sur cette place pavée. Chacun avait ses propres mystères, ses secrets, son caractère, qui faisait de lui un être totalement différent des autres. La différence était positive, si l'on suivait le point de vue de Nyl, qui n'était au fond, pas faux du tout -de mon avis à moi, hein, libre aux autres d'être pas d'accord.

Et sa dernière phrase avait pour but de gêner un peu la jeune femme, ou bien même de la faire rire. Même si du peu que Nyl avait vu, elle ne rigolait que très peu. Voir même quasiment jamais, en fait. Mais il essayait quand même, au cas où un miracle aurait lieu soudainement, comme un éclair qui frappe un arbre, enflammant les branches, dans un son énorme. Sauf que là, le rire d'Avery serait sans doute moins bruyant qu'un éclair quand il tape le sol. Et encore, il fallait qu'elle rit. Ce qui n'était pas gagné.

- T'es quand même très intelligente. Oh, d'un matin, dis-tu ? On sent l'expérience...

Ce culot... ! Un culot qui commençait sérieusement à l'énerver. Prenant malgré elle une moue agacée, elle le fusilla du regard et, le rideau blond rangé derrière son oreille une nouvelle fois, d'un petit doigt frêle, elle murmura plus qu'autre chose, presque comme si elle voulait le garder pour elle :

-Si le seul but de ton existence est de sortir ce genre de réflexions totalement idiotes, je ne comprends pas pourquoi tu prends la peine de rester en vie.

Il avait le don de lui titiller les nerfs, avec vivacité, là ou c'était fragile. Elle avait bien l'intention de lui en foutre une. Réfléchissant de plus en plus à cette idée, elle voulut se contenir, mais c'était comme si sa main esquivait le mur que formait son self-control, pour mieux s'écraser sur sa joue. Il l'avait cherché, se dit-elle mentalement. Aussi resta-t-elle à l'assassiner de ses yeux clairs et pourtant presque noirs tant la colère commençait à l'agiter.
Il ne faisait rien actuellement, mais elle se ressassait ce qu'il lui avait dit et s'énervait de plus en plus, presque toute seule. Pour autant se contenta-t-elle de lui jeter ce regard noir, la main ramenée sur la table, innocente, tandis qu'une marque rouge commençait à peine à s'effacer sur la joue de Nyl.

- Si le seul but de ton existence est de sortir ce genre de réflexions totalement idiotes, je ne comprends pas pourquoi tu prends la peine de rester en vie.

Le ton de sa voix était sec, claquant comme un fouet. Elle sembla méditer un instant, puis, sa main se souleva mécaniquement. Nyl vit le coup venir aussi la douleur ne fut-elle que médiocrement présente. En guise de réponse, il lui avait souri, comme moqueur de l'âge de la proie. Elle croyait pouvoir regagner une bataille, mais à ce jeu-là, Nyl pensait être maître.

La réponse à la phrase cinglante de la jeune femme lui vint comme ça, en fixant la fontaine. C'était une phrase à double-sens, particulièrement perverse.

- Sans doute pour donner du plaisir aux jeunes femmes...

Puis, il décida de l'agacer encore plus en lui faisant remarquer de petits détails qui la feraient sans aucun doute tiquer. Cela allait peut-être la faire bouger un peu, réanimer la conversation. Sa voix s'éleva, claire, après un raclement de gorge semblable à rire étouffé du jeune homme.

- Tu feras attention, je crois que tu t'es tâchée de chocolat. Et la moustache te va bien... Mais c'est pas très féminin. Après, libre à toi d'exercer tout ce que tu veux en public, hein... Mais tu vas attirer les rires comme un aimant attire le métal, avec ta pilosité chocolaté. Et surtout attirer MON rire.

- Sans doute pour donner du plaisir aux jeunes femmes...

Il reprit. Toujours cette manie agaçante de laisse filer les secondes pour mieux reprendre dans une ambiance qui le rendait maître de la discussion. Ca agaçait Avery, à la longue - chaque petit détail qui constituait cet être arrogant l'agaçait.

- Tu feras attention, je crois que tu t'es tâchée de chocolat. Et la moustache te va bien... Mais c'est pas très féminin. Après, libre à toi d'exercer tout ce que tu veux en public, hein... Mais tu vas attirer les rires comme un aimant attire le métal, avec ta pilosité chocolaté. Et surtout attirer MON rire.

Comment dire...Elle eut un sourire en coin, un peu noir et très ironique surtout, révélateur de ses pensées du moment. Portant une main qu'elle posa sous son menton, les doigts contre les lèvres pour vérifier ce dont elle était déjà sûre, elle déclama avec sarcasme :

-Mon cher Nyl, je t'annonce que tu as besoin d'aller chez l'ophtalmo. Et peut-être aussi chez le psy, ou l'asile. La nymphomanie, ça doit pouvoir se soigner ou se traiter. Je crois. Sur ce, je vais y aller.

Sur ces mots, elle se leva d'un air tranquille. Le soleil se faisait moins timide, plus affirmé ; comme elle actuellement face à cet homme, enfin désormais lui tournait-elle le dos. Il serait de son passé, décida-t-elle en laissant les talons de ses ballerines claquer contre les dalles. Car après tout ce genre de personnes ne méritait même pas son attention. Et elle continuait de fulminer, sans vouloir l'admettre bien sûr. Enfin, cela importait peu. Elle avait encore des marques à prendre dans l'Institut... Et tellement à apprendre.