"J'aimerai juste un peu de calme" Erell et Curtis

Vagabonder ici et là. Sans réel but, sans idée précise. Seule l'envie de se calmer intérieurement la faisait marcher. Erell aurait pu se mettre à dessiner mais sachant que le matériel qu'elle venait d'acheter était abîmé ( mais restait utilisable ) cela l'énervait plus qu'autre chose. En plus, cela la ramenait à sa rencontre avec Matthew, où elle était partagé par la colère et la honte. Chose qui rendait encore plus difficile la situation.  Il fallait donc qu'elle marche en espérant que le calme reviendrait vite. Elle ne voulait pas un nouvel accident. Surtout entre les murs de son nouvel habitat. Déjà qu'il n'était pas malin de se mettre à dos l'un de ses occupants.

Ce n'est qu'après avoir fait plusieurs fois le tour de l'institut qu'elle trouva un semblant d'apaisement. Cependant, il était bien beau de parcourir des milles et des cents, mais ces pieds commençaient à en avoir assez. Non pas qu'elle était essoufflée, c'était simplement un signal de ras le bol de la part de ses petons qui criaient de douleurs dans ses chaussures trop serrées. Elle se décida alors à aller dans le salon pour se reposer avant sûrement d'aller dans sa chambre pour une vraie sieste. Sans se poser de question, elle se dirigea dans la pièce, s'installa dans l'un des canapés moelleux et soupira un grand coup. Dès qu'elle souleva les pieds du sol, elle aurait juré sentir ses orteils la remercier. Cependant, après quelques seconde de soulagement, elle aperçut en face d'elle un jeune garçon. Il devait avoir à peine 10 ans, prenait il d'aussi jeunes gens à l'institut ? Erell ne savait pas comment elle devait réagir. Elle n'avait pas l'habitude des enfants. Les gens évitaient de les laisser en sa présence... Elle se contenta alors seulement de le regarder en silence tout en réfléchissant à l'application de son code en l'adaptant à une personne de cet âge.

Curtis était assis sur ce confortable sofa de cuir. Il aurait pu y rester encore deux heures sans bouger, tant sa position était apaisante. Il était plongé dans son livre. Il lisait avec une rapidité incroyable pour un gosse de son âge. Il avait déjà lu quarante pages en un quart d'heure. Il était dans la peau du personnage principal, qui s’avérait être aussi un enfant, un garçon qui plus est. Il ne se décrocha de sa lecture que quand la porte du salon s'ouvrit, et qu'une femme débarqua. Elle semblait nerveuse. Curtis, ne voulant pas la déranger se remit à lire. Mais, malheur ! Il avait perdu sa ligne ! Il abandonna donc la lecture, et posa son bouquin sur la table basse. Il enleva ses chaussures en les délaçant et s'allongea sur le canapé de cuir si confortable. Il repensa à nouveau à la liberté. Était-ce ça aussi ? Le fait de savourer des petits plaisirs ? Sans nul doute, se dit-il. Il ferma les yeux et esquissa involontairement un sourire. Quand, d'un seul coup, il fut pris d'un sentiment bizarre. Peut-être dérangeait-il la femme assise en face de lui. Il se rassit à nouveau en regardant l'adulte brune d'un air coupable. Il se mit à rougir. Il aurait voulu à ce moment précis devenir une petite souris et se cacher au fond d'un trou bien profond, où personne ne pourrait le voir. Mais il se transformait en gecko, lui. Pas en rongeur, dommage pour lui. En plus il n'était pas au soleil, il n'aurait jamais pu devenir ce petit lézard.. Quasiment inconsciemment, il ouvrit la bouche en s'adressant à la jeune femme :

-Désolé...

Erell ne comprit pas. Il venait de ... s'excuser ? Mais pourquoi ? Avait elle manqué un geste ou mot qui aurait du l'importuner ? Elle avait juste constater que le garçon lisait un livre avant de s'allonger puis d'à nouveau se remettre assis... Qu'est ce qui avait provoquer ce "Désolé" ? De quoi voulait il se faire pardonner ? Ce n'était pas logique vu la suite d'événement, même complètement étrange. Il n'avait rien fait de mal ou d'inconvenant, et il avait encore moins provoqué ou autre chose négative. C'était une vraie énigme ce pardon.

Elle se mit donc à rechercher comment elle devait réagir. C'était bien la première fois qu'elle avait ce cas là et donc n'avait pas réfléchi à une règle pour ce type de situation. Peut être qu'elle devait simplement ignorer la remarque ? Non cela l'agacerait elle même de ne pas avoir le fin mot de l’histoire et empirerait les choses. Accepté les excuses ? Ce n'était pas non plus très astucieux car si la conversation revenait sur ce détail, elle se sentirait bête. Partir et laisser le môme sans explication ? Cela serait très malpoli et grotesque. Elle revenait donc à chaque fois à la même solution... Demander tout simplement.

Elle trouvait cela un peu gênant comme possibilité mais surtout risqué. Si jamais, il avait de vraie raison pour être désolé, cela pouvait énervé Erell. Mais elle tenta quand même la question. Ce fut donc avec sa voix dénouée d'émotion par sa maîtrise d'elle même qu'elle déclara. :

- "Je ne comprends pas tes excuses. A ma connaissance, tu n'as rien fait de reprochable. Puis je savoir pourquoi tu es désolé ? "

 "Je ne comprends pas tes excuses. A ma connaissance, tu n'as rien fait de reprochable. Puis je savoir pourquoi tu es désolé ? "

Curtis ne comprit pas. Il ne comprit pas le ton de l'adulte. Il crut parler à un robot, un automate. Ce ton était sans sentiment, mécanique presque. Pourquoi ? Pourquoi parlait-elle comme ça ? Pourquoi lui posait-elle cette question ? Peut-être qu'en faite, il ne la dérangeait pas le moins du monde.
Et voilà, encore la honte. Pourquoi il fallait toujours qu'il se fasse remarquer par sa bêtise. Maintenant, il fallait trouver quelque chose à lui répondre, mais quoi ? Holala dans quelle pétrin il s'était fichu... il se frappa la tête avec la paume de sa main gauche. Il se sentait horriblement idiot. Il reprit son bouquin l'ouvrit et se plongea dedans.
Au bout de deux dizaines de secondes, il releva la tête et vit que l'adulte le regardait toujours. Mince, trouve autre chose se dit-il. Il chercha. Courir vers la sortie, non, il passerait pour un timbré. Se cacher derrière le sofa, non, pour la même raison. Ne rien dire, non, il passerait pour un antisocial. Éclater de rire, non, il passerait pour un attardé et un psychopathe. Expliquer pourquoi il s'était excuser, c'était possible, mais comme elle n'avait pas compris, il passerait pour une victime. Non, il lui fallait esquiver le sujet. Mais comment ? Il n'en savait rien !
Que pouvait-il faire ? En plus, le ton sans expressions de la femme l'intimidait. Et si il faisait une gaffe, peut-être que celle-ci allait le trucider ! Aaaah ! Son cerveau explosait ! Il ne savait plus quoi faire. Il avait vu dans un reportage qu'il avait pris à ses parents qu'un psychopathe ne parlait quasiment jamais de manière expressive.
Bon, il reprit son calme au bout de quelques dizaines de secondes. Et se rappela de comment faisait-il pour esquiver les conversations. Il ouvrit la bouche et dit enfin la chose dont il pensait que celle-ci allait le sauver.
-Non, rien...

Erell était de plus en plus perdue. Le garçon en plus de ne pas répondre, semblait complètement embarrassé voir effrayé. Elle n'avait rien de menaçant pourtant... Cependant, la jeune femme n'insiste pas, mais la façon dont le petit brun se cacha derrière son livre la rendit perplexe. Était elle si terrifiante ? Rien de ses réactions ne paraissaient logique pour elle, ce fut pour cela qu'elle plongea dans sa mémoire avec l'espoir de se souvenir d'une situation similaire. Mais elle eut encore plus de mal à comprendre quand elle aperçut de nouveau le regard apeuré de l'enfant qui dépassait légèrement de l'ouvrage. Décidément, c'était un mystère. D'ailleurs cela commençait à réveiller sa colère même si sa curiosité et son étonnement gardaient la dominance de ses sentiments.
Puis le garçon se décida à répondre. :

- "Non, rien... "

Cette réponse était tout aussi incohérente que le reste de la scène. Pourquoi cette réponse ? Était ce vraiment ça et donc il s'était soit trompé, soit se fichait d'elle. Était ce une excuse pour éviter la conversation ? Ou peut être qu'il était juste trop effrayé pour donner une vraie explication ? Ce qui était sure, c'est qu'Erell trouvait cette situation grotesque et très risquée. Mettre sa patience a vif comme ça pouvait lui faire perdre les pédales, surtout si elle avait eu une perte de contrôle peu de temps auparavant. Elle prit donc le temps de respirer un bon coup et déclara. :

-  "Je ne sais pas à quoi tu joues, mais évites juste de te montrer énervant. Merci. "

Cela dit, d'ailleurs toujours avec son ton sans une pointe d'émotion, elle chercha un autre point sur lequel se concentrer. Presque par réflexe, elle sortit son calepin ainsi qu'un crayon, puis se mit à griffonner. Tandis que la silhouette du félin se dessiner sur le papier, elle sentait le regard du garçon sur elle. Mais elle s’efforça de ne pas en tenir compte.

Mince, il s'était montré énervant. Il se rappela ce qui avait été dit dans le reportage. Ne jamais frustrer un ou une psychopathe. Il était dans un sacré pétrin. Si jamais elle se levait qu'allait-il devenir. Voilà, il était effrayé. Son cerveau explosait de nouveau. Que faire ?! Il devait se faire oublier. Il vit que la jeune femme dessina quelque chose sur son calepin. Et si jamais elle dessinait la scène de sa mise à mort ?! En plus, il savait que c'était une métamorphe, une psychopathe qui se change en animal ! Au secours !
Curtis referma son bouquin violemment. Puis il le rouvrit, se disant qu'il devait se faire oublier. Et mince de mince, qu'allait-il devenir s'il ne partait pas ? Il mit ses chaussures et refit ses lacets. S'apprêta à partir quand, il se rendit compte, qu'il pouvait rester du moment qu'il se faisait discret. Il se rassit sur le sofa, rouvrit son livre et essaya de se plonger dedans. Au bout de quelque pages, il regarda à nouveau la femme, toujours en train de dessiner. Il crut apercevoir le dessin. C'était un félin. Aaaah ! Elle allait me tuer en se transformant en tigre en lion ou en autre félin ! Au secours !!! Curtis pris de panique se leva promptement et courut partout dans le salon ! Il courut sans s'arrêter en criant ! Il n'avait jamais été comme ça auparavant ! Il était tant en terreur, qu'il ne vit pas que ces lacets étaient défaits. Il marcha sur l'un et tomba à terre. Il ne se fit pas mal. Il avait surtout peur que la femme se lève, se dirige vers lui et se transforme pour le manger.

Erell ne comprenait plus rien. Le gamin s’était mis à courir dans tout les sens. Qu'avait elle fait encore ? Le fait de dessiner n'était pas effrayant pourtant, surtout si il s'agissait d'un simple ocelot. Cela n'avait rien d'agressif ou de violent. La jeune femme ne comprenait pas et cela était de plus en plus agaçant. Cependant, elle gardait son calme et essayait de mettre une logique à ce désordre qui lui tambourinait la tête.

Elle n'avait rien fait qui puisse lui faire peur à part son conseil et encore. Puis de toute façon, il aurait réagi avant si il s'agissait de ça. Elle n'avait fait aucun autre geste à son intention après donc ce n'était pas ça non plus. De plus, le dessin n'avait rien d'horrible à sa connaissance.
Une dernière hypothèse lui vînt en tête, et si ce garçon était fou ? Cela semblait très plausible. Pourtant, Erell doutait que des gens avec des soucis mentaux soient pris en charge à l'institut sans un minimum de soin.

Finalement, elle se demanda si ce n'était pas qu'un jeux d'enfant étrange dont elle ne comprenait pas les ficelles. Il faut dire qu'elle n'avait souvent jouer pendant son enfance, mais selon ses maigres souvenirs des règles le traptrap se jouant à plusieurs...

Décidément rien ne collait. Cependant, la question n'était pas si importante au fond. Elle devait surtout se concentrer sur la réaction à avoir. Déjà, ne pas s'énerver même si son agacement se faisait de plus en fort. Puis, il allait falloir revoir son code pour insérer une méthode pour ce genre de cas. Elle se décida déjà à essayer de bien comprendre quel émotion animait le garçon. La peur ? Le jeux ? Ou  le dégoût ?

Alors, elle posa sa première question. :

- "Pourquoi fais tu ça ? "

Si elle connaissait la cause, elle serait plus amène à gérer le problème. D'ailleurs, elle reposa le crayon et le calepin pour bien montrer qu'elle était attentive et prête à l'écoute. Puis, elle se sentit obligé de demander. :

- "Est ce qu'il y a un point sur lequel je peux t'aider pour te calmer ?"

Essayer de rétablir un peu de tranquillité était sûrement une bonne idée. Il y avait peut être un point précis sur lequel le garçon avait un soucis. En plus, si c'était quelque chose de concret à faire, un geste bien mécanique, cela serait plus simple pour Erell à faire. Cependant, elle devait s'assurer sur autre chose en plus. :

-" Est ce moi qui t'amène à réagir ainsi ?"

Et voilà, l'adulte recommençait à parler avec son ton de psychopathe. Curtis, terrorisé et à terre, ne quitta pas des yeux la femme qui venait de poser son calepin. Aaaah ! C'était la fin, se dit-il ! Elle avait rangé ses affaires pour le tuer de sang froid ! Il se traîna donc jusqu'à un coin de la pièce. Il se recroquevilla en position fœtale. Il essayait de se reprendre en se disant que tout cela était absurde, que jamais cette femme ne le tuerait, que l'Institut ne garderait jamais de tueur en ses enceintes. Mais rien n'y fit. Il était apeuré et convaincu qu'il allait y passer. Mangé par une psychopathe à l'âge de dix ans. Était-ce une mort ridicule ? Selon lui, non, elle était horrible. Trop horrible pour être vrai qu'il se dit. Curtis se remit donc sur pied, avança derrière le canapé doucement, sans oser regarder la jeune adulte dans les yeux. Cette femme, sans expression, froide presque, lui inspirait quelque chose d'étrange, de terrorisant et de néfaste, comme quand il avait pensé au mot « mort ». Il avançait donc se tenant les mains qui pendait devant lui. Arrivé juste derrière le dossier, il ouvrit la bouche puis la referma, en se disant, qu'il ne fallait pas aggraver les choses. Il voulut se rasseoir mais ne le fit pas. Il ne voulait pas se mettre juste en face d'elle. Il resta derrière le sofa, car ce meuble serait un obstacle si jamais la femme se jetait sur lui. Et puis, la porte de sortie était juste derrière. Il devait trouver quelque chose. Une raison pour laquelle il s'était mis à courir partout en criant. Mais soudainement pris par quelque chose, sans doute la curiosité du condamné, il ouvrit la bouche inconsciemment et lâcha :

- Allez-vous me tuer ?....

Il se rendit compte de la stupidité de sa question et se remplit de honte. La peur s'était enfuie en même temps que ces mots, même si il restait méfiant. Puis en se repassant sa dernière prise de parole dans sa tête, il vit à quel point il avait été idiot. Et il dit cette fois un peu plus consciemment ceci :

- Non oubliez tout ça, et toutes mes excuses...

Il pensait qu'elle allait le tuer ? Puis il s'excusait ? C'était de moins en moins logique. Erell n'aimait pas ça, car bien qu'elle ne veuille pas sa mort, sa colère elle souhaitait de plus en plus de violence. or avec l'accident au centre commercial, la jeune femme ne voulait pas à nouveau déraper.

Puis, elle ne voyait pas où était les signes de ses sois disant envies meurtrières. En plus, l'idée de mettre fin à la vie n'était pas sienne. Quand elle piquait sa crise, elle souhaitait seulement faire mal, rien de plus. Sauf peut être sous sa forme d'once, d'ailleurs en y réfléchissant cela devait être exquis de tuer vu le plaisir qu'elle ressentait à chaque fin de transformation. Cependant, elle ne devait pas penser à ça. En humaine, elle n'avait jamais eu de soucis meurtrier mais autant ne pas tenter le diable non plus.  

Pour le moment, elle devait faire comprendre à ce garçon qu'il divaguait et divaguait bien en plus. Elle se demanda si il n'y avait eu une histoire de drogues dans son comportement pendant quelques secondes mais finalement porta cette attitude à la naïveté de l'enfance.
Elle soupira donc un grand coup avant de déclarer. :

- "Je ne sais pas d'où tu sors tes histoires de meurtre. Mais sache que ce n'est pas dans mes intentions. Alors arrête ton cinéma. C'est plus agaçant qu'autre chose et inutile au vu de la situation. "

Au moins, elle avait réussi à le formuler sans faire entendre sa colère. C'était un bon départ. Elle reprit donc son calepin et se remit à dessiner. Décidément, ils s'étaient mis d'accord pour mettre ses nerfs à l'épreuve aujourd'hui.