Return him to his destiny ♦ Samuel Alexander - Avery Rowe

Parcourant la bibliothèque du regard, Avery ne semblait plus pouvoir trouver le plafond de ses yeux qui en brillaient presque d'admiration.
Sans être une grande passionnée, la jeune blonde s'était mise à la lecture en guise de passe-temps en mûrissant. Vous savez, quand il devient moins évident de grimper dans les arbres et découvrir le monde, mais que se poser dans un fauteuil et se plonger dans un bon bouquin devient source d'un grand plaisir - dépendant bien sûr dudit bouquin. Amatrice de Zola, de Maupassant et de classiques, elle s'en alla arpenter les rayons, curieuse comme jamais de ce qu'elle pourrait trouver dans cette immensité, ce paradis littéraire. Ca devait être une mine d'or.... Et devait également contenir laaargement de quoi se renseigner sur sa qualité de métamorphe. Rangeant cette idée dans un coin de sa tête, elle continua de vagabonder parmi les livres vieux ou récents, un peu poussiéreux par moments. C'était magique, ce genre d'endroits. Imposants et familiers à la fois.
S'installant à une table, époussetant sa petite robe d'été avant de s'asseoir tranquillement, elle attrapa un livre à proximité, au hasard, pour découvrir. Un bon vieux classique, mais qu'elle n'a jamais eu l'occasion de savourer. Ca lui ferait du bien. Seulement, elle vit quelqu'un arriver, peu loin. Et s'il y avait bien quelque chose que l'adolescente n'aimait pas, quand elle lisait, c'était la présence de quelqu'un d'autre. Elle trouvait cela gênant. Aussi soupira-t-elle malgré elle, tentant quand même de se concentrer sur l'ouvrage.

Samuel était arrivé ici par hasard, il s'était dis qu'il aurait aimé se reposer dans le salon due l'institut. Puis il avait encore plut et il avait donc pensé que lire sur le sofa de son chalet serait plus agréable étant donné que la pluie glissant sur le toit en verre avait un côté artistique assez intéressant. Il aimait bien être emmitouflé dans une couette en laine, lire un livre en regardant les filets d'eau heurter l'obstacle qui arrêtaient leur route. Le problème étant qu'il n'avait pas de livre sous la main. Il se devait de passer dans le salle dites "culturelle". Il y arriva donc, voyant une jeune femme caché dans son livre. Il se demandait pourquoi elle craignait la présence des autres. Mais, il n'avait pas vraiment envie d'étudier la psychologie des gens aujourd'hui. Il se contenta donc de prendre le premier livre semblant authentique qu'il venait de voir. "L'odyssée", à vrai dire il ne l'avait jamais lu mais ce pouvait être intéressant. Il se dirigea à l’accueil pour emprunter le livre. La bibliothèque avait malheureusement disparu et Samuel était contraint de demander à la jeune lectrice si elle avait vu cette dame s'enfuir et vers où. Il se doutait qu'elle était trop jeune pour obtenir ce job et écarta l'hypothèse que ce soit elle qui avait cet emploie. Il se dirigea donc vers la gamine.

- Excusez-moi de vous déranger, auriez-vous vu par quelle direction est parti la bibliothécaire?

Elle entendit qu'il farfouillait et pria intérieurement pour qu'il parte le plus vite possible, dans l'incapacité de se concentrer sur l'ouvrage pourtant des plus intéressants.

- Excusez-moi de vous déranger, auriez-vous vu par quelle direction est parti la bibliothécaire?

C'était lui bien sûr qui lui demandait cette information. Se mordant la lèvre derechef, elle se tut tout d'abord puis reprit au bout d'un instant, consciente d'avoir l'air impolie - et ne désirant pas entrer en conflit pour l'instant, après tout elle voulait juste lire - :

-Absolument pas.

Avery releva la tête lentement, ses yeux découvrant son interlocuteur, peu pressés de rencontrer un autre regard que celui qu'ils renvoyaient. Cependant, leur lent trajet s'arrêta aussitôt au niveau du livre du jeune homme. L'Odyssée. Elle se souvint qu'elle avait adoré ce qu'elle en connaissait. Elle demandait souvent à sa mère de lui en raconter des extraits. Sa mine se fit rêveuse tandis q'elle se rappelait ces après-midis chaleureuses ou l'enfance ne l'avait pas encore abandonnée au profit des troubles de l'adolescence, du moins de la maturité.

-C'est un bon choix, laissa-t-elle échapper malgré elle, en revenant à sa réalité.

- Hmm?

Samuel releva la tête, la voix de la jeune femme l'avait retiré à ses rêveries continuelles. Il pensait au temps, à tout en même temps. C'était une de ses caractéristiques; avoir constamment l'esprit troublé. Il avait doucement entendu les paroles de la jeune fille. Il pouvait voir en elle une timidité presque contagieuse. A vrai dire, ce n'était pas tellement ça, elle avait plus peur de quelque chose que le jeune homme ne pouvait déterminer. Elle avait du vivre des choses sans doutes troublantes lors de sa vie pour avoir l'air autant sur la défensive. Ce qu'il était clairement sûre en cet instant c'est qu'elle voulait être seule et lui aussi, leur route étaient donc partis pour se séparer très bientôt. Mais pourtant ça, elle avait lancé une phrase qui était propice à une longue discussion littéraire. Il ne comprit pas vraiment et eu besoin d'explications pour rassasier sa curiosité. Il s'assit sur une chaise à ses côtés, posant le livre sur la table fixant la blonde dans les yeux.

- Pourquoi tentes tu de lancer une conversation alors que tu as clairement envie d'être seul et de ne pas parler. Tu es contradictoire.

Bien trop contradictoire pour Samuel qui fit immédiatement intrigué par son comportement si inhabituel.

- Hmm?

Il la fixa soudainement, puis s'assit à la table sans la lâcher du regard. La jeune blonde n'aimait pas ça, elle se sentait scrutée, analysée, presque lue comme un livre, et qu'est-ce que ça pouvait la mettre mal à l'aise. Elle avait l'impression d'être chez un psy. Elle se tut. S'installa un silence pesant de quelques instants avant qu'il ne déclare :

- Pourquoi tentes tu de lancer une conversation alors que tu as clairement envie d'être seul et de ne pas parler. Tu es contradictoire.

Elle se mordit la lèvre. Un psy presque ordinateur, se sentant obligé d'essayer d'interpréter chacune de ses actions.... Elle n'aimait pas ça du tout.

- J'essaie de me... Socialiser on va dire. M'enfin c'est pas grave, marmonna-t-elle.

Elle baissa vainement les yeux vers son livre ; mais vainement était bien le mot, elle ne parvenait pas à se concentrer avec ce regard qui pesait sur elle. Cela en à peine un quart de seconde. Elle n'était pas très patiente dans ce genre de cas. Soupirant, elle écarta le bouquin et lui jeta un oeil morne.

- Qu'est-ce que vous voulez en fait ?

Elle essaie de se socialiser? Oui, Samuel pouvait le concevoir sans difficultés. Mais pourquoi? Elle avait vraiment l'air de préférer se retrouver seule alors il ne comprenait pas pourquoi faisait-elle des efforts alors que c'était contre ses envies. Il savait pertinemment qu'elle n'était pas contrainte de parler et donc avait le choix. Pourquoi avait-elle donc décidé de faire celui-ci. C'était incroyablement troublant. Samuel se devait d'en savoir plus. C'était plus fort que lui. Ce n'était pas vraiment de la curiosité, plus de la fascination. Ensuite, la blonde posa une question, à laquelle il répondit bien simplement.

- Je veux savoir où et partit la bibliothécaire et aussi pourquoi vous êtes contradictoire à ce point. C'est étrange...

Il fallait l'avouer, ce comportement lui échapper vraiment. Il n'était pas de nature vraiment curieuse mais là on pouvait dire que la jeune femme avait vraiment attiré son attention. Ce n'était sans doutes pas son but vu comment son ton reste froid et qu'elle se sent oppressé par la présence de l'autre. Mais ses tentatives de socialisation avait été bien vaines, maintenant Samuel n'allait pas la lâcher tant qu'il n'avait pas compris quel était son problème avec la présence d'autrui.

- Je veux savoir où et partit la bibliothécaire et aussi pourquoi vous êtes contradictoire à ce point. C'est étrange...

Elle était déjà agacée de cette espèce d'analyse psychologique. Le souci était que les autres n'apportent que du mauvais, et elle avait tout sauf besoin de ça, ce n'était pourtant pas compliqué. Allait-elle devoir se tatouer "N AIME PAS SOUFFRIR" sur le front ? Elle y songeait fortement désormais.
De toute façon, Avery n'avait jamais aimé les psychologues et ce genre de trucs. Comme si parler à un inconnu pouvait tout résoudre. Comme si un interlocuteur hautain qui prétendait connaître votre psychologie sans même vous connaître pouvait-il vous faire aller mieux comme ça ? Elle n'avait jamais trouvé les gens de ce style qu'arrogants et méprisables - d'ailleurs, elle les méprisait.
Aussi répondit-elle, les yeux toujours fixés sur son bouquin, des boucles blondes encadrant son visage encore enfantin :

- Je pourrais vous demander pourquoi vous passez de "tu" à "vous", pourquoi vous vous intéressez à moi et pourquoi vous jouez au psy. Ah, et pourquoi vous êtes habillé comme ça aussi. Tant de questions aux réponses qui ne me regardent pas, un peu comme celle que vous me posez. Enfin, sauf pour la bibliothèquaire. Et j'ai répondu à celle-là : je ne sais pas où elle est.


Elle continuait de garder les yeux ouverts sur l'encre du bouquin, ne parvenant à y lire des mots, l'esprit encore trop occupé par l'irritation que lui provoquait cet intrus.

La blonde commença à bombarder le brun de question. Il écoutait avec attention. La jeune femme semblait se protéger. C'était assez fascinant mais au final logique. Il était clair qu'elle n'avait pas envie d'être blessé ce qui semblait compréhensible. Mais pourquoi avoir établi un contact alors. Il était incapable de répondre à sa question et c'était horrible pour lui de ne pas la connaître. Il ne prit pas vraiment la peine de répondre à ses questions et il préféra la fixer avec insistance avant de lui soufflait exprimant avec son regard toute sa curiosité grandissante:

- Pourquoi tu as si peur de parler de tes tracas des fois il est important de te vider de tout ce mal, un peu comme une anacatharse de tes problèmes?

Il savait au final pourquoi. C'est parce qu'elle avait peur comme chaque humain. Mais ce qu'il voulait vraiment découvrir c'est qu'est-ce qui avait fait dans sa vie qui l'avait rendu autant sur la défensive. N'ayant rien à faire, il finit par répondre à ces stupides questions. Il lui devait tout de même ça.

- Je passe du "tu" au "vous" parce que tu m'as vouvoyé et par respect je fais de même. Mais j'ai changé à nouveau parce que j'estime qu'on se connaît assez maintenant. Je m'intéresse à toi parce que tu as un comportement illogique que je n'arrive pas à cerner. Je joue pas tellement au psy..j'ai en aucun cas le but de t'aider avec tes problèmes, juste de comprendre ta réaction. Si je suis habillé comme ça c'est parce que ce sont les premiers vêtements que j'ai trouvé dans mon dressing. C'est bon, j'ai répondu à tes question tu me dois une réponse maintenant.

- Pourquoi tu as si peur de parler de tes tracas des fois il est important de te vider de tout ce mal, un peu comme une anacatharse de tes problèmes?

Elle se sentait déstabilisée et franchement n'était pas d'humeur à supporter ça. Serrant les dents et prenant sur elle, elle inspira profondément, alors qu'il reprit :

- Je passe du "tu" au "vous" parce que tu m'as vouvoyé et par respect je fais de même. Mais j'ai changé à nouveau parce que j'estime qu'on se connaît assez maintenant. Je m'intéresse à toi parce que tu as un comportement illogique que je n'arrive pas à cerner. Je joue pas tellement au psy..j'ai en aucun cas le but de t'aider avec tes problèmes, juste de comprendre ta réaction. Si je suis habillé comme ça c'est parce que ce sont les premiers vêtements que j'ai trouvé dans mon dressing. C'est bon, j'ai répondu à tes question tu me dois une réponse maintenant.

....Mais ce n'était que des questions en l'air ! Il devrait se faire soigner, lui, ou au moins s'acheter un cabinet direct. Enfin, puisqu'il ne voulait pas être psy... Il l'agaçait tellement. Elle choisit donc d'être directe et reprit une bouffée d'air, passant à toute vitesse dans sa tête ce qu'elle pourrait lui dire :

-Je ne pense pas pouvoir dire qu'on se connait assez, non. Et ma psychologie ne concerne que moi. Les questions que je t'ai posé n'avaient pas pour but de trouver une réponse (elle se félicita mentalement de cette formulation qui la changeait de son registre familier habituel) et puis je pense pas te devoir quelque chose. Si tu as répondu, c'est ton choix, comme c'est le mien de répondre à tes questions ou non.

La jeune blonde n'avait pas vraiment envie de devoir expliquer sa vie et son vécu à un simple curieux qui ferait mieux de se mêler de son fessier, pour rester correct. Ce n'était pas comme s'ils étaient amenés à être proches et le simple fait qu'on cherche à comprendre son cerveau pour le simple besoin de la comprendre lui échappait.

Le jeune sourit. Sa réponse ne luit fit absolument rien ressentir de particulier. Il n’était pas blessé. Il n’était pas impressionné. Il ne voyait pas en quoi il aurait pu l’être. Si elle espérait vraiment qu’il la laisse tranquille elle était mal parti. Maintenant qu’elle avait intrigué il ne comptait pas partir avant d’avoir des réponses. De plus, si elle ne les donnait pas, il était encore plus persuadé qu’elle cachait quelque chose d’incroyablement douloureux. Il voulait connaître son secret bien sûre. Il lui répondit donc en souriant.

- Tu réponds pas à mes questions mais tu peux pas m'empêcher de parler et de te suivre Lalalalalalalalalaalalala....réponds moi...lalalalalalalalla.

Il réagissait comme un gamin encore une fois mais il s’en fichait. C’est pas comme si ce qu’elle pourrait lui dire aller le blesser. Tandis qu’elle semblait agacé et qu’elle voulait juste lire tranquille il continuait d’être insupportable avec elle tant qu’elle ne soulagerait pas sa curiosité.

- Tu as été battu? Papa est pas gentil avec toi? Ou bien maman? Non c’est pas les parents...c’est peut-être le beau brun dans le fond de ta classe de math. Il t’as brisé le coeur? Comme plein de gens...et maintenant tu te sens faible et misérable et tu as peur qu’on te blesse. Tu as peur d’avoir mal. Mais arrêtes d’avoir peur..c’est débile et pathétique.

Il y avait été doucement et il n’avait pas eu ce qu’il voulait alors il allait continuer même si c’était blessant pour elle, ce n’est pas comme si ça lui importait.

Elle leva les yeux et la tête vers lui d'un air assassin. Il avait presque tapé juste et était blessant, c'était indéniable. Elle avait une furieuse envie de lui arracher les tripes, mais se contenterait assurément de le fusiller du regard pour l'instant. Et répondre. Pour qui se prenait-il à la fin ?!

-Pourquoi tu joues au gamin comme ça ? On dirait un gosse. Si c'est pour te foutre de moi, je vois même pas l'intérêt de chercher à me comprendre. En plus ça te regarde pas. Si t'as envie de faire chier, trouve-toi d'autres victimes. Parce que me juger puis me critiquer de pas vouloir te parler après, c'est quand même, excuse-moi, très, très con., cracha-t-elle.

Elle n'avait jamais eu le sens de la répartie. Il lui fallait fuir, mais elle ne pouvait abandonner son bouquin. Le peu qu'elle avait pu en lire - avant l'arrivée de cet énergumène- l'avait vraiment captivée. Elle était piégée et ça l'agaçait d'autant plus. Elle ne voulait pas offrir à cet abruti le plaisir de lui avoir fait du mal ou d'avoir raison, mais il était trop doué. Si ça ne tenait qu'à elle, l'adolescente lui aurait bien fait bouffé une étagère de livres ou deux. Mais le mieux était de répondre aux imbéciles par le silence, et pour qu'elle n'explose pas s'imposait à elle l'idée de la fuite. Seulement, fuite voulait dire échec. Et malgré tout, aussi gamine soit-elle, Avery ne pouvait nier qu'elle aimait gagner, enfin n'aimait pas perdre. Les deux se valaient.

La demoiselle le regarder furieusement, elle se retenait sans doutes de l’étrangler. Il avait du bien deviner. Vu sa colère qui a commencé à grandir à partir de l’hypothèse sur le coeur brisé, Samuel mit peu de temps avant de comprendre qu’elle était son problème. Il la sonda du regard. Pourquoi était elle si apeurée, pourquoi craignait-elle tant qu’on la blesse? Ce n’était pas simplement le fait de souffrir, personne n’était vraiment masochiste mais pour se protéger au point d’éviter le contact d’autrui il devait y avoir vraiment quelque chose de lié directement avec sa souffrance. C’était sans doutes sa transformation. Sans prendre la peine de répondre à son monologue de victime dont il n’était absolument pas attendri, il se contenta de la questionner.

- Tes souffrances sont liés à ton métamorphe, non? C’est quand tu as mal? Extérieurement ou aussi intérieurement..peut-être l’inverse. Si je te blesse tu te transformes? Si je te fais peur aussi? C’est lorsque tu ressens une grande émotion? De la colère? De la tristesse? Des pleurs? Quel est ton animal?

Il se fichait à vrai dire de la dernière phrase. C’était plus pour se garantir de sa sécurité qu’autre chose. Il savait qu’il la poussait à bout et que cela pourrait se finir sur une transformation. Il ne savait pas quel animal elle était et ayant aucun moyen de défense il devait connaître la potentielle bête féroce qu’il aurait probablement un jour à craindre.