Rp Laura - Louison

- Bien..

Elle referma de nouveau ses yeux. Il faut dire que sa pseudo sieste en tant que renard ne l'avait pas reposée comme elle le souhaitait. Endormie, elle revoyait. Ses pas brisant toutes feuilles et branches que ses chaussures de marche rencontraient en posant le pied au sol. Aidan ramassant les pierres de formes qu'il trouvait intéressante. Elle qui le suivait de près. Une nuit sans lune, sans la lumière nocturne pour les éclairer. Ils n'y voyaient rien. Les formes sombres des arbres et celle de son frère qui zigzaguait de l'un à l'autre. Une simple marche. Habituelle. À la même heure que tous les jours. Sa torche électrique dans sa main gauche, la droite pendant le long de son corps. Ses habits déchirés par l'écorce des arbres et ses nombreuses chutes. Elle était maladroite, autant de nuit que de jour. Il n'en a jamais été autrement. Trop rapidement, elle s'approche d'un buisson fleurie. Des fleurs blanches comme elle les aime. Dans le sol, une tanière. Des renards. Une mère et ses petits. Et puis... une forte douleur au bras. Le sang qui s'écoule des gencives de la mère, qui se mélange au sien. L'odeur qui la dégoute. D'une main, lorsque l'animal s'est reculé, elle touche la morsure. Un cri de douleur et elle est renard.

Louison se réveilla en sursaut, ses cheveux collant sur son front dégoulinant de sueur. D'une main, elle les repoussa, respirant rapidement. C'était bien trop réel, comme rêve. Comme si son esprit s'amusait à lui repasser en boucle ce moment. Comme pour l'effrayée davantage qu'elle ne l'était déjà. Par terre reposait la serviette que l'autre lui avait passé, tout à l'heure. Elle devait être tombée, durant son sommeil agité. La demoiselle la ramassa, s'essuya le visage pour ensuite l'enroulé autour de son frêle corps nu. De sorte à ce qu'elle ne puisse pas tomber, elle la noua, juste en haut de la poitrine.

De nombreux coups se faisaient entendre. Elle tourna la tête vers la direction d'où semblait venir le bruit. Curieuse et imprudente, elle s'y dirigea. Dans l'eau -salée, probablement, ce serait plutôt logique-, un requin nageait. Dans ce minuscule aquarium. Il tapait contre les vitres, sans succès. Elle se demanda comment elle avait pu ne pas l'entendre avant. Ce n'était pas si faible, comme son. Même le contraire. Quelques minutes plus tard -tandis que Louison le fixait, se questionnent sur la façon dont il avait bien pu arriver là-, le requin devint l'humaine qui l'avait aidé, autant sous forme de renard qu'en ce qu'elle est actuellement.

- Je suis désolée que tu ai du voir ça, je suis un monstre je sais..

Louison s'assit par terre, face à l'autre. Elle ne comprenait pas ces mots. Cet animal ne dévore pas chaire humaine. Au fond, ils ont peurs. Allez seul dans l'eau où se trouve un requin et vous courrez à votre perte. Par contre, si vous êtes plusieurs nageurs, il partira, sans se soucier de vous. Ce n'est qu'un moyen de défense, pur et simple. S'ils pourraient, Louison en était certaine, il se contenteraient de poissons. Leur grand appétit leur en empêche, mais ce n'est pas pour autant qu'ils recherchent à tout pris à dévorer un être humain.

- Certes, les requins passent pour des sanguinaires -ce qu'ils ne sont pas, précisons-le. Tu n'es pas un monstre...

La demoiselle sait très bien qu'elle pense exactement la même chose. Sous forme de renard, elle pourrait tuer n'importe qui. Pourtant, ils tuent exactement pour la même raison que les requins. Elle soupira. C'était hypocrite de sa part. Alors qu'elle détestait ce type de personnes. À quoi bon discuter, socialiser, si c'est pour mentir. Il vaudrait encore mieux que tous n'aient pas le don de la parole. Certes, Louison adorait parler avec quiconque se présentait à elle, bien qu'elle reste toujours quelque peu méfiante.

- Merci, murmure l'autre.

Le silence complet. Agréable. Ne la rendant pas mal à l'aise, comme les habituels. Aucune parole prononcée. L'eau émet un faible bruit et leurs respirations coupent légèrement le vide de mots. Louison ne prend pas la peine de répondre. Et c'était mieux comme ça ; le calme. Depuis quelques temps, elle ne prenait plus la peine de se reposer, de relaxer, de lire -elle n'avait toujours pas terminé Docteur Sleep, bien que ce fût un bon moment qu'elle le lit. S'asseoir et tourner les pages d'un roman à l'infini ne l'inspire plus vraiment. Cependant, maintenant, c'est ce qu'elle aurait envie de faire. Éclairée par une bougie et la clarté de la lune, sous un arbre centenaire, par terre, en communication avec la nature. Ce n'est pas tout le monde qui aime ce genre d'activité, mais, elle, elle adorait. Passer de nombreuses minutes, ne plus voir le temps défiler. À ce moment, c'était ce qui se passait. La demoiselle secoua la tête, tandis que l'autre se massait les tempes. Oui, les mal de tête suite à une transformation, elle connaissait. Elle, c'était davantage le manque d'énergie et les muscles en compte, ses symptômes habituels.

- Tu vas bien... ? demanda-t-elle. Non... question idiote, désolée.

- C'est gentil de t'en préoccuper..

Louison sourit en retour, changeant de position, ses jambes commençant à s'engourdir du au manque total de mouvement de sa part. Elle les entendait d'ailleurs très bien lui crier qu'elles avaient envie de faire de l'exercice. Elle se promit donc d'aller courir, plus tard, pour détendre ses muscles.

- Hmm tu pourrais...fin te retourner s'il te plaît?

Louison rougit et se retourna, elle n'avait pas réalisé que l'autre était nue. Alors que, è l'habituel, la nudité la dérangeait grandement. La jeune femme était étrange, aujourd'hui, tout à fait son contraire, et elle avait bien conscience. Elle avait une idée de la raison mais n'était pas certaine de son hypothèse.

- Tu fais ma taille..tu veux que je te prête des fringues?

Elle regarda la serviette qui lui faisait office de vêtements. Jusque là, celle-ci lui avait parfaitement convenu. Mais maintenant que l'autre lui proposait... elle ne pouvait refuser. D'une part, c'était d'une grande impolitesse et de l'autre, elle adorerait se couvrir autrement.

- Oui... s'il te plait... dit-elle, ne pouvant s'empêcher de rajouter les quatre derniers mots à sa réponse.

Louison la remercia dans un murmure avant de partir s'habiller. Les vêtements lui allait parfaitement bien, autant que c'en était déstabilisant. Elle s'adossa au mur, n'ayant aucune envie d'y retourner, bien que leur silence soit agréable. Fuir par la fenêtre était très tentant, mais c'était contre toute éthique. Elle se gifla, autant mentalement que physiquement, le claque résonnant dans la pièce un moment. Elle avait laissée la porte entrouverte, l'autre devait l'avoir entendue se frapper... et elle paraitrait idiote, encore une fois. Mais n'était-ce pas ce qu'elle était ? Bien sûr... c'était génétique après tout. La jeune femme sourit de cette blague que ses parents faisaient, lorsqu'elle était toute petite et que d'autres l'insultaient. Une larme coula sur sa joue, puis deux, puis trois. Sa famille lui manquait, ses amis... et puis il y avait Blanche qu'elle n'avait même pas prévenue de son départ, n'en n'ayant pas eu le temps. Elle devait s'inquiéter. Non, quelqu'un au courant devait lui avoir dit. Mais dans ce cas elle lui en voudrait. Louison se laissa tomber par terre. Elle sécha ses larmes, plusieurs minutes plus tard et s'efforça de sourire un peu. Elle était restée trop longtemps dans cette salle de bain. Ce devait être louche aux yeux de l'autre.

- Hey..qu'est-ce qu'il y a? Dis-moi ce qu'il ne va pas.

Et voilà ! Louison était certaine qu'elle l'avait entendue se gifler. Maintenant, elle devrait lui donner une raison de ces larmes. Eau salée trahissant ses sentiments, se frayant un chemin de sous ses paupières, passant par ses joues pour finir au coin de ses lèvres. Le goût lui rappelait la mère. La mer près de chez elle. Elle avait appris à nager avec Sandy -sa mère, là-bas. Sa bouche se tordit en une grimace étrange. Normal. Ceci causa une nouvelle crise de larmes. La jeune femme n'aimait pas pleureur, ni seule ni devant quelqu'un. Et surtout ce deuxième point. Elle se ressaisit, d'autant plus que la raison de ce soudain mal être était idiot, gamin. Elle était une grand fille, elle n'avait pas besoin de ses parents. Pourtant, au contraire, elle était toujours attachée à eux. Louison et ses frères avaient toujours, ainsi que leurs parents. formés une famille unie. -Ce qui était plutôt rare de nos jours, voire impossible.

- Rien... non, en fait, si, puisque ce n'est jamais pour rien que nous pleurons, ce serait stupide... ma famille me manque... lâcha-t-elle finalement.

- Je comprends...mais tu peux pas les contacter via...ces réseaux sociaux là..facedebook ou skip...

Louison n'avait pas de Facebook ni de Skype. La seule chose qu'elle faisait, les rares fois qu'elle était sur l'ordinateur, elle regardait des séries. Épisodes sur épisodes. Elle pouvait en passer des nuits blanches, bien que ses parents l'aillent averti maintes fois qu'elle devrait dormi, se reposer et d'autre trucs typiques de parents qui s'inquiètent trop pour leur enfant, qui l'empêche de grandir, de sortir du cocon familial.

- Par ce moyen, il n'ay à qu'avec le "geek" de la famille que je pourrais parler. Et puis je ne sais pas comment m'en servir, dit-elle avant de rigoler nerveusement.

Au fond, ce n'était pas si mal, elle n'aurait pas à affronter leurs regards accusateurs, d'être partie sans donner de nouvelles. Certes, deux semaines -en fait, elle ne le savait pas, le notion du temps et elle, ça fait soixante douze-, ce n'était rien, comparé à l'aîné qui s'est volatilisé sans rien dire à personne.

- Allez..retrouves le sourire..tu vas bien les revoir....je suppose... son ton devient sec.

- Non. Je ne sais pas si le moi animal va les attaquer, elle soupira. Et puis... je ne suis pas la seule à être privée de sa famille, ici. Pas vrai ? elle lança un regard insistant à l'autre. Louison n'aimait pas demander des renseignements sur la vie des autres, alors elle essayait toujours de se faire "discrète".

- J'ai pas vraiment envie de parler de ma famille.....vraiment...

Ce n'était pas grave. Louison non plus n'aimait pas parler de sa famille. Les souvenirs remontaient toujours au mauvais moment et les autres vous pensent faibles, ensuite. À vrai dire, elle ne savait pas pourquoi elle avait demandé. Parfois, elle parlait sans même s'en rendre compte, alors que c'était ses propres lèvres qui bougeaient et que les mots venaient de son esprit à elle et non de celui de quelqu'un d'autre.

- D'accord, dit-elle simplement.

Après tout, que pouvait-elle dire d'autre ? Elle n'allait pas l'obliger à lui raconter sa vie. Elle parlerait si elle en avait envie. Louison aimait se socialiser le plus possible, mais si l'autre ne voulait pas, elle n'allait pas l'harceler. Chacun son style de vie. Certains sont plus solitaires et certains sont comme elle.

- J'ai tué ma mère...

Louison se tourna vers la jeune fille et l'observa quelques secondes, à peine, puis reposa sa tête contre le mur. Elle ne savait pas quoi répondre, à ces mots. Elle ne connaissait pas toute l'histoire, elle ne pouvait pas dire grand chose. Le plus surprenant, c'est qu'elle n'avait pas peur, elle qui était une trouillarde de première et paranoïaque, par-dessus le marché. Elle se demandait toujours ce qui l'avait poussée à choisir sa profession actuelle... ''Pour sauver des vies, servir à quelque chose, j'imagine...'' Elle se contenta de garder le silence, comptant les secondes qui s'écoulent lentement et de fixer le sol ainsi que ses pieds nus.

Elle ferma les yeux, le sommeil la guettant. Elle ne dormais jamais assez et il le rattrapait quand ça lui chante. Enfin... ce n'était pas le moment. Louison se plaça face avec l'autre, pour pouvoir la regarder dans les yeux. Elle ne savais pas pourquoi elle ne se levait pas, avant de se mettre à courir pour se réfugier sous sa couette, avec une lampe torche, chantonnant une de ses chansons favorites pour se calmer. Depuis le début de la journée, elle ne comprenait pas les gestes qu'elle posait. Elle avait volontairement fait couler son sang, démarrant ainsi la transformation en renard, elle appréciait les blancs qui s'imposait... et puis, il y avait bien d'autres choses, mais les deux plus étranges étaient celles-là.

Si elle avait su qu'elle deviendrait le contraire de ce qu'elle était, elle serait probablement resté chez elle, dans la maison familiale. Mais prendre le risque de dévorer un être cher ne lui plaisait que peu. C'était pour cela qu'elle se trouvait actuellement dans cet institut, pour les protéger. Et peut-être se protéger elle-même...

La jeune femme secoua la tête. Elle vivait avec son ''deuxième elle'' depuis longtemps, elle avait l'habitude que ce soit ainsi. Avant, elle se réfugiait dans la forêt, que le beau temps sois de mis ou non. Il valait mieux rester le plus loin possible d'eux.

Ils étaient déjà assez effrayés. Un jour, sa mère s'était coupé, en faisant la cuisine. Elle avait fuit, ce qui avait intrigué l'aîné, qui l'avait suivi. Le reste avait suivi. Depuis elle n'ose plus leur parler, bien qu'elle leur ai dit d'elle-même, pour son entré en cet endroit.

Elle devrait aller les voir, mais elle ne pouvait pas partir quand elle le voulait, elle devait attendre. Ce qui était frustrant, de son point de vu. Non que ça ne lui procurait pas une excuse pour fuir sans avoir l'air lâche.

(Je m'éloigne du sujet, non ?)

- Je ne crois pas que tu veuilles m'entendre dire « Ooooooh, pauvre petite » ou que j'ai peur de toi. Parce que, non, ce n'est pas le cas. Tu l'as tuée, c'est fait. Elle se tut avant de reprendre. Le passé c'est le passé. Je suis d'accord pour dire que ce soit être difficile à accepter, mais il faut apprendre à vivre avec. Elle était très mal placé pour donner des conseils dans le genre, mais dans ce genre de situation, elle ne savait jamais quoi dire. Il faut dire qu'elle était loin d'être la meilleure pour consoler ou rassurer les autres. Alors, elle disait simplement ce qui lui passait par la tête, bien que ce ne plut pas à tout le monde. La franchise n'était pas son meilleur ami.

Louison se pinça les lèvres, ayant laissé place à un silence loin d'être agréable. Moins que celui de tout à l'heure, en tout cas. Elle entendait seulement les sanglots de son interlocutrice. Et elle ne réagissait pas. Comme amie, il y avait mieux. Même si celles-ci, ne pouvait pas réellement être considérée comme telle, surtout que cela na faisait que quelques heures qu'elles se connaissaient.