RP Emilie Sters et Louison Owl

Emilie venait de rentrer d'une dure journée. Elle revenait tout droit de la maison de ses parents, où ils l'avaient, enfin, du moins, sa mère, recueillie et lui avaient annoncé le décès de sa grand-mère maternelle adorée. Millie avait beaucoup pleuré et son maquillage avait coulé, formant de grandes traînées noirâtres, dégoulinantes de tristesse.
Puis, comme si cela ne suffisait pas, la jeune femme avait dû rentrer à pied, sous la pluie. Il pleuvait des trombes, et Millie se félicitait d'avoir amené avec elle cette longue veste grise, en laine, qui avait...UNE CAPUCHE ! Une belle capuche toute grise pâle, toute confortable, mais quasiment pas imperméable.
Si ce fait que ses cheveux avaient quand même été mouillés, mais moins que si elle n'avait pas eu cette veste miraculeuse.
Alors, quand elle fut arrivé au chalet Eclipse, quand elle eut poussé la grande porte en bois qui grinçait, elle eut pour réflexe de lancer une phrase banale.

-Y a quelqu'uuuun ? hurla-t-elle.

Le silence paraissait maître, en ce jour, au Chalet Eclipse. En dehors du bruit de la porte, elle n'avait rien entendu, exceptée le son de sa voix cristalline.

-Ouiiiiiiii ! Mooooooiiiiiiii ! cria une personne dans le chalet.

Soudain, un cri lui parvint aux oreilles, assez fort, donc la personne qui en était à l'origine était proche, comprit Millie.
Seulement, proche, c'est bien, mais la jeune femme ne savait pas où était précisément la personne à l'origine de ce cri.

"Dieu, que ce chalet est grand...On s'y perdrai facilement..." pensa-t-elle.

Alors, elle avança et gravit une à une les marches de bois, et commença à fouiller toutes les pièces. Après deux, trois peut-être, pièces examinées, Emilie eut une idée.
Elle hurla encore une fois.

-Qui c'est qu'a criéééé ? Et vous êtes oùùùùùùùùùùù ?

Sa voix aiguë se brisa au long "é", et elle dut inspirer une longue fois pour reprendre contrôle de ses cordes vocales, sans que ses paroles dérivent en mots incompréhensibles.
Alors, Millie s'installa dans un fauteuil proche, attendant une réponse, qui ne saurait tarder, se dit-elle.

Millie entendit un petit "Aïeuuuuh". Elle n'était pas bête, quoique, et avait bien compris que quelqu'un s'était fait mal. Alors, en réflexe, elle répondit par un "Aïeeeeuh" silencieux. Rapidement, mais avec une certaine prestance, elle enleva sa veste puis ses chaussures moelleuses fourrées, qui lui avait apporté un grand soutien lors de son petit périple saisonnier.
Alors, un cri retentit, encore une fois.

-Iiiiiiiiciiiiiiiii !

Ahn, c'était si précis ! Alors, Millie continua de fouiller dans toute la maison, renversant au passage livres à la couverture écaillée, lampes couvertes de poussière, diverses meubles en bois qui étaient plus qu'antiques, et d'autres objets tous plus farfelus les uns que les autres. Et c'est alors qu'elle la vit, la jeune fille avec qui elle discutait par cri. Par réflexe, ou habitude, Emilie, en la voyant, hurla en voulant la saluer, ce qui donnait un résultat très particulier, qui arrivait à surprendre beaucoup de gens, dont sa famille, qui n'était pas du tout habituée aux cris. La jeune femme aimait renverser les principes.

-Coucouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! lança-t-elle, en un cri à percer les tympans, ou à provoquer des crises cardiaques, c'était au choix.

Millie jugea du regard la jeune fille qui lui faisait face. Elle était belle, ravissante, à vrai dire, mais vraiment, mais alors, carrément pas son type de femme du tout. De toute façon, elle n'avait qu'un type, les gens qui lui ressemblaient, et personne n'avait réussi à faire pencher la balance de son côté sur ces choses-là, du moins, pas encore. Peut-être qu'un jour, la jeune femme trouvera son âme soeur. Un jour peut-être.

Emilie tomba alors sur une image des plus surprenantes : une jeune femme était là, allongée en plein milieu de la pièce, sur le parquet fraîchement ciré...De stupéfaction, elle passa à amusement. Elle rit légèrement, discrètement. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle faisait désormais face à un personnage totalement loufoque, fantaisiste, soit, tout le contraire d'elle.

-Heeeeeeeeelloooooooooooooooooooooooo ! hurla l'inconnue.

Millie n'eut pas mal aux oreilles malgré la proximité. Et pourtant, par réflexe, elle se les boucha à l'aide de ses deux majeurs. Puis, elle se remit à rire, comme possédée par une démence qui ne lui était pourtant pas coutume. Qu'est-ce qui lui prenait de se lâcher ainsi avec des gens qu'elle ne connaissait pas ?! Et surtout,c ette manière de crier...On aurait dit des animaux. C'est ce qu'aurait sans aucun doute vociférer son père, avec son ton acide, sérieux, et surtout, sa froideur habituelle...Il faisait peur naturellement, cet homme.
Alors, comme il n'était pas là, son père, il fallait bien admettre qu'il était aussi utile actuellement -et dans sa vie en général- qu'une plante en pot. En gros, il ne servait à rien, à part à critiquer et lancer son acide un peu partout. Une vrai chimère.
La jeune femme décida donc de continuer à hurler.

-Comment ça vaaaaaaaaaaaaaaaaaa ? lança-t-elle, entrant dans des aigus infernaux.

-Très biiiieeeeeeeen. Et vooooouuuuus ?

Vouvoiement. Emilie savait bien ce que c'était, ça, ayant été élevée dans une famille très riche, très noble et surtout...très coincée. Mais bon. La jeune femme ne pouvait dénier que sa survie n'était due qu'à l'argent mensuel déversé par ses si adooooorables -ironie- géniteurs. Avec tous leurs majordomes et tout le tralala, il y avait plus d'inconnus chez eux que de personnes de la famille. Emilie ne s'y était jamais faite, et elle avait donc choisi de partir le plus tôt possible, dès le lendemain de sa majorité.
Alors, poliment, elle se dit qu'elle aussi devait vouvoyer l'autre anthrope et répondit donc en utilisant des vous, et, pour une fois, ne cria pas, prenant sa voix naturelle, mi-grave mi-aiguë.

-Magnifiquement bien. Cela ne se dit pas, mais bon. Les paroles sont libres et chacune est différente selon la personnalité de celui ou celle qui l'emploie.

Un long blanc prit place, que Millie choisit de rompre.

-Désolée si je vous embête un peu...

-Magnifiquement bien. Cela ne se dit pas, mais bon. Les paroles sont libres et chacune est différente selon la personnalité de celui ou celle qui l'emploie.

- Oui. Nous nous battons depuis la nuit des temps pour l'avoir, cette liberté, alors autant en profiter. Sans en abuser, bien sûr, bien qu'il y en ai qui le font...

Le silence s'installa ensuite. Elle se leva et fit les cent pas, ne sachant que dire, elle laisse le son de ses pas être la seule source de bruit. Elle détestait ça. Sans raison apparente, mais tout de même.

-Désolée si je vous embête un peu...

Louison sourit et secoua la tête, s'arrêtant de marcher puis tournant la tête vers la jeune femme.

- Si vous m'embêtiez, la porte vous aurait déjà claqué au nez, répondit-elle. Ce qui m'embête, c'est ce vouvoiement. Nous allons vivre tous ensemble durant... un temps indéterminé... autant laisser tomber les règles de politesses. Oui, pas totalement, tout de même... celle-là, du moins. Nous sommes beaucoup plus enclins à la parole lorsque le tutoiement est de mise. Enfin... ce n'est qu'une théorie, un opinion, un... bon, je me tais. Là, je crois que c'est moi qui embête l'autre et pas la contraire... non ? Si ? elle réfléchit un instant avant de se jeter sur sa valise.

- Si vous m'embêtiez, la porte vous aurait déjà claqué au nez, répondit-elle. Ce qui m'embête, c'est ce vouvoiement. Nous allons vivre tous ensemble durant... un temps indéterminé... autant laisser tomber les règles de politesses. Oui, pas totalement, tout de même... celle-là, du moins. Nous sommes beaucoup plus enclins à la parole lorsque le tutoiement est de mise. Enfin... ce n'est qu'une théorie, un opinion, un... bon, je me tais. Là, je crois que c'est moi qui embête l'autre et pas la contraire... non ? Si ?

Emilie lui sourit. Après tout, il était vrai qu'elle n'était vraiment pas la plus bavarde des deux, sa nouvelle colocataire étant capable d'aligner une dizaine de phrases en peu de temps. Alors, elle était contente, parce que le Chalet était beau, que sa colocataire était sympa et qu'il n'y avait pas de raison de ne pas l'être.

-Eh bien...Alors j'essaierai de ne plus vo...te vouvoyer. C'est vrai que les "vous" tout le temps, c'est énervant. Ça m'agace beaucoup. Bref.

S'ensuivit un long blanc, durant lequel Emilie fixait sa nouvelle colocataire en plissant les yeux, avant de partir dans un fou rire en se rendant compte de ce qu'elle faisait. Observer les gens ainsi était malpoli, auraient lancé ses parents. Après tout, ses géniteurs n'étaient pas là, alors, elle s'en moquait. Elle était libre de ses actes, libre de ses paroles, libre de ses déplacements, libre de désobéir, libre de ses fréquentations, libre de sa façon de s'habiller, libre de tout. Et ça, c'était vraiment, franchement, super génial. Parce que la jeune femme avait vécu cloîtré chez ses parents, elle avait peur de s'être "ramolli", ou même pire : de devenir sa mère, là, coincé dans un tailleur Channel avec son chignon et son air pincé, mariée à ce frigo qu'était le père de Millie, froid, dur, sévère, cruel, calculateur, cet homme qui ignorait Emilie, cet homme qu'elle détestait, malgré les liens familiaux et les grosses sommes qu'il lui déversait chaque mois. L'argent ne rachètera pas ces années de silence, de souffrance et d'ignorance, lui avait un jour déclaré la jeune fille. Après quoi, elle avait reçu une gifle violente, ce qui avait été la cause de son départ, quelques jours plus tard. Et cette journée-là, il faisait soleil, chaleur. Emilie, en sortant, avait pris la peine de claquer la porte, ce qui avait fait résonné la maison et renversé une dizaine d'assiettes de la collection de Mme.Sters, qui avait hurlé, son teint habituellement pâle comme porcelaine se métamorphosant, devenant rouge au possible. Ses plaintes étaient si aigus que l'on n'entendait plus la musique classique mise très forte par M.Sters. Millie était partie, un sourire aux lèvres, ravie d'avoir pu débuter sa vengeance contre ses parents. Le mois d'après, quand elle y était retourné, ses parents l'avaient consolé, comme si elle avait pleuré pour avoir renversé les collections de sa rigide mère. Ils avaient toujours été comme ça, agaçants, même parfois, vraiment idiots. Ainsi que naïfs, il ne faut pas l'oublier. Emilie, elle, n'avait hérité que d'une chose d'eux : la richesse. Et elle s'en fichait éperdument, insouciante comme jamais, heureuse d'avoir quitté le nid "familial".
Aujourd'hui, elle était resplendissante. Elle avait fait le bon choix, elle était partie au bon moment.