"I wish I could be like you " ( Erell et Marie )

«  Que suis je bête ! Que suis je bête ! » : songeait Erell. A partir à la va vite, elle avait laissé la quasi totalité de ses affaires en Bretagne. Ses tableaux, ses pastels, ses livres et même sa collection de photo de félins. Elle aurait du réfléchir avant de prendre ses clics et ses clacs pour une nouvelle vie ! Si elle avait su aussi qu'elle allait se retrouver dans un institut, peut être aurait elle fait autrement. A la base, elle pensait finir en ermite au beau milieu de la nature où elle ne ferait plus de mal à personne. Enfin... On lui avait dit lors de son arrivée, qu'il y avait une grande bibliothèque. Elle se dirigeait donc vers cette dernière pour chercher quelques ouvrages sur les fauves et ainsi pencher son esprit sur autre chose que son stresse. Elle espéra seulement qu'il y en avait. Pauvre d'elle si en plus de devoir racheter son matériel d'art, elle devait ajouter à sa liste des livres.
C'est pourquoi, une fois les portes passées, elle comprit qu'elle n'avait pas à avoir peur. Ce c'était pas la petite bibliothèque de quartier mais le Valhalla du lecteur aguerri. Des rangées immenses remplis d'ouvrage faisaient face avec fierté imposant leur symbole de sagesse. L'odeur du vieux papier comme du neuf se mêlaient et offraient cet étrange arôme aux narines. Il y avait aussi cette ambiance de sérénité qui faisait couler le silence sur la peau et l'esprit des visiteurs.
Erell était transportée. On ne pouvait pas dire qu'elle fasse partie de ceux qui dévore les livres comme une friandise mais cet endroit la fascinait. Après quelques minutes d'admiration, elle se décida à explorer ce sanctuaire littéraire pour trouver des petits trésors à pages sur les félins. Cependant dans un lieu si grand, il était difficile de tomber sur ce qu'on cherche. Elle tourna un peu en rond pendant un quart d'heure. Elle aurait pu demander à la bibliothécaire ou à d'autre personne qui était totalement livré dans leur livres pourtant elle ne le fit pas. La peur de déranger ou de se mettre trop vite en colère était trop forte. Erell continua donc son parcours sans y arriver. Mais elle sentit vite sa motivation vaciller. Il aurait été plus simple d'aller dans la librairie du village. Ce fut donc avec un grand soupir qu'elle s'adossa contre l'une des étagères. Elle remarqua alors la jolie rousse en face d'elle. Celle ci ne ressemblait à ces femmes fatales ravageuses. Non, c'était plus de ces brins de fille qui avait une allure respirant la bonté et le naturel doux.
Notre brune aurait pu lui demander un renseignement, elle sentait que cette inconnue lui aurait répondu avec plaisir. Pourtant, Erell était à nouveau envahi de sentiment contradictoires. L'envie d'établir un contact. L'envie de trouver un bon livre. L'envie de pouvoir faire comme tout le monde. Mais aussi la peur d'être maladroite. La peur de faire de travers. La peur que sa frustration lié à sa recherche amène de la violence. La peur de devenir sauvage en un instant.
Elle se contenta donc de la regarder en retrait espérant que celle ci ne relèverait pas ses yeux de sa lecture.

Erell se sentit reconnaissante envers la jolie rousse. De plus, elle aimait bien ce côté compatissant bien que cela agace la partie sombre d'elle même. Ce fut donc avec une pointe de soulagement qu'elle repartit dans sa recherche. Cela lui donna aussi le courage de demander de façon très fugitive à la bibliothécaire où elle pouvait trouver le style de livre qu'elle cherchait. Cependant, elle resta quand même quasiment muette lorsque cette dernière lui indiqua l'endroit. Elle constata que son relationnel était toujours aussi médiocre. Au moins, elle ne pétait pas un câble pour rien.
Une fois, qu'elle tomba sur son bonheur, c'est à dire une dizaine livres entièrement dédiés aux différents félins du monde entier, elle se mit en quête d'une petite place où s'asseoir. Son soucis fut qu'à chaque table, il y avait au moins une personne. A nouveau, elle sentit l'anxiété la parcourir. Et si lorsqu'elle demandait on lui dise de façon trop directe et qu'elle s'emporte ? Et si elle rentrait en contact avec quelqu'un de trop maladroit ?
Erell commençait à désespérer d'elle même. Quoi qu'elle fasse, elle avait toujours des ennuis à cause de sa nature profonde. Puis une idée lui vînt. La jolie rousse lui avait proposé de venir, peut être serait elle assez réceptive à nouveau. En plus, elle semblait assez douce pour ne pas brusquer la brunette aux poussées de violence extrême. Elle alla donc à nouveau à sa rencontre jusqu'à ce que le doute l'envahisse à nouveau.  Ce fut donc avec beaucoup d'hésitation qu'elle s'approcha et demanda avec angoisse. :

Encore sa peur de parler et de dire une bêtise la prit. Elle devait avoir l'air bête ! En plus, cette fois c'était elle qui abordait la conversation ! Elle chercha alors à nouveau ses mots assailli par l'envie de partir en courant et de fracasser le crâne contre un mur.